Grande tranchée
Le canal de Nantes à Brest est construit pour des raisons économiques, et surtout stratégiques : il permet la communication entre les ports que sépare une mer parcourue par les vaisseaux ennemis. Le projet est élaboré dès le 17ème siècle. Les travaux sont commencés sous Napoléon et terminés sous Louis-Philippe. Il s’étend sur 374 km, avec deux cent trente-huit écluses. Pour unir les deux versants du canal, celui du Blavet et celui de l’Aulne, il faut creuser un butte de 23 mètres de hauteur sur 4 km, « la grande tranchée ».
Pour creuser le canal et la tranchée, la main d’œuvre du pays ne suffit pas. Aussi fait-on appel à la main d’œuvre pénitentiaire, composé de déserteurs condamnés aux travaux publics. Un camp est construit pendant l’hiver 1822-1823 sur la lande de Peran, au-dessus du bief de partage. Les baraques sont en bois, recouvertes de chaume, ni éclairées ni chauffées, par craintes d’incendie. La cuisine se prépare dehors. Le camp fait 80 m de long sur 54 m de large pour héberger 600 bagnards et leurs gardiens (environ 50 gendarmes).
Pendant neuf ans, dans des conditions déplorables, les bagnards se rendent au chantier, du lever du jour à la nuit tombante. Au début, des rampes inclinées permettent de sortir de l’excavation des distances de transport raisonnables et d’utiliser des chariots. Mais plus on descend, plus le travail devient difficile. Les rampes deviennent impraticables et il faut terminer les transports à dos d’homme, dans des hottes.
Vivant et travaillant dans des conditions déplorables, les bagnards se révoltent à plusieurs reprises, notamment en 1830 et 1832. Le 6 août 1830, peut-être mis au courant des derniers évènements de Paris, les bagnards se révoltent, désarment leurs gardes et sortent du camp. 200 d’entre eux prennent la direction de Pontivy. C’est grâce aux demandes pressantes d’un entrepreneur qu’ils reviendront le lendemain.
Le camp sera fermé en 1832 suite à une épidémie de choléra.
La passerelle métallique de la tranchée a été construite en fin 1875.